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J’ai assisté à une conférence le samedi 21 mars 2015, à la salle Barcelone à Toulouse. Elle s’est déroulée en deux parties distinctes dans le cadre d’une après-midi organisée par l’association AFEP (Association Française des Enfants Précoces). « Thermique, électrique, hybride…? Mais comment fonctionne le moteur de mon enfant ? Quel peut bien être “son mode d’emploi” ? ».
Conférence
🔗 darkmoon1968. Creative Commons CC0. Domaine public.

Conférence AFEP du 21 mars 2015. Thermique, électrique, hybride ?
AFEP. Domaine public.
Thème | Thermique, électrique, hybride : nature du moteur de mon enfant ? |
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Lieu | La salle Barcelone à Toulouse |
Date et horaires | Le samedi 21 mars 2015 de 14 h à 18 h environ |
Animation | Sylvie Martins, neuropsychologue, docteure en psychologie, Nicolas Gauvrit, chercheur en psychologie expérimentale. |
Cadre |
La conférence s’est déroulée en deux parties distinctes dans le cadre d’une après-midi organisée par l’association AFEP (Association Française des Enfants Précoces). « Thermique, électrique, hybride…? Mais comment fonctionne le moteur de mon enfant ? Quel peut bien être « son mode d’emploi » ? ». |
Mots-clés | art-thérapie, atypique, cerveau, conférence, développement personnel, différence, enfant, idée répandue, neurosciences, précocité, recherche, société, stéréotype, zététique |
J’écris cet article quelques semaines après cette conférence. Il est écrit avec mes mots, mon regard personnel, ma sensibilité 😉 Je vous présente maintenant son sommaire :
Sommaire
- 1. Quelques mots sur l’introduction
- 2. Une conférence en deux parties
- 3. Première partie : le regard d’une neuropsychologue
- 3.1. Métaphores sur la nature du moteur, du cerveau
- 3.2. Développement de l’enfant précoce
- 3.3. Conclusion sur la partie 1
- 3.4. Mon regard personnel sur la partie 1
- 4. Deuxième partie : le regard d’un chercheur en psychologie expérimentale
Thermique, électrique, hybride : nature du moteur de mon enfant ?
1. Quelques mots sur l’introduction
Avant l’intervention des deux conférenciers, Frédéric Detchart, référent de l’Académie de Toulouse pour les enfants intellectuellement précoces, a introduit et présenté le contexte de la conférence aux participants.
“Ils fatiguent tout le monde”, “Ils sont en décalage, en décrochage”. Ces enfants expriment un mal-être.
L’école n’est pas un lieu de soin pour l’enfant. Ce n’est pas le cadre où l’enfant peut régler ses problèmes avec les relations interpersonnelles.
Il a invité les parents à ne jamais couper le dialogue avec les enseignants, le directeur d’école, malgré les difficultés. Il existe des outils, des dispositifs souvent méconnus, comme par exemple, la mise en place d’une équipe éducative.
2. Une conférence en deux parties
La première partie a été animée par Sylvie Martins, neuropsychologue, docteure en psychologie. Elle a présenté des éléments de réponse (cf. questions dans l’intitulé de la conférence), issus des dernières avancées dans la recherche en neuropsychologie et en neurosciences, pour mieux comprendre le fonctionnement des enfants précoces.
La deuxième partie a été animée par Nicolas Gauvrit, chercheur en psychologie expérimentale. Il a présenté l’état des recherches scientifiques sur le haut potentiel.
3. Première partie : le regard d’une neuropsychologue
Je présente des éléments développés par la conférencière tels qu’ils se présentent à moi…

Coupe du cerveau humain.
Friedrich Eduard Bilz.
Creative Commons ©
3.1. Métaphores sur la nature du moteur, du cerveau
Quelle est la nature du moteur des enfants précoces ? Si on utilisait des métaphores : une formule 1 (thermique), des accumulateurs (électrique), un peu des deux (hybride) ? L’impression d’une source d’énergie alternative.
Les parents évidemment souhaitent plutôt des enfants fonctionnant avec un moteur style “voiture de Oui-Oui”… Mais non, ces enfants ont un mode d’emploi particulier, atypique.
3.2. Développement de l’enfant précoce
Pour voir en quoi le développement des enfants dit Haut Potentiel est atypique, la conférencière a aussi présenté des travaux concernant le développement d’un enfant typique.
Maturation du cerveau
Le cerveau d’un enfant en pleine croissance est en pleine maturation. On sait maintenant que le cerveau est un organe avec une grande plasticité.
Présentation des tests WISC IV
Ces tests constituent un élément permettant de savoir si un enfant peut être un “Haut Potentiel” ou pas.
Ils mesurent entre autres :
- la compréhension verbale,
- le raisonnement perceptif,
- la mémoire de travail,
- la vitesse de transmission.
Généralement, on considère un enfant comme un possible HP avec un QI supérieur à 130.
Expression du potentiel et précocité
L’important dans le développement d’un enfant est de pouvoir lui faire exprimer son potentiel. Idée : “Pouvoir transformer un chat en lion si l’enfant peut être un lion…”
Comment se manifestent les différences dans l’expression du potentiel pour un enfant atypique ?
Dans les stades de développement de l’enfant, les professionnels de la santé et les enseignants constatent :
- un développement souvent précoce de la psychomotricité,
- un développement souvent précoce du langage oral,
- un risque plus important de développer des DYS (dyslexie et dysorthographie),
- un développement rapide des capacités cognitives, notamment la mémoire de travail.
Ces différences ont pour incidence de faire naître une dyssynchronie dans les groupes sociaux dans lequel il vit. Cette différence comportementale peut alors conduire au rejet et être source de souffrance pour l’enfant.
Énergie
Du fait des structures cérébrales plus complexes, le développement d’un enfant atypique demande beaucoup de ressources : un tel développement est énergivore. L’enfant doit apprendre à bien utiliser son énergie pour ne pas se mettre en danger.
3.3. Conclusion sur la partie 1
D’après les caractéristiques comportementales présentées dans la conférence sur les enfants HP, les métaphores (Formule 1, accumulateurs, moteurs hybrides) ne sont en fait pas adéquates…
Une métaphore plus juste serait les montres suisses. La structure cérébrale, les caractéristiques des enfants atypiques sont sensibles, demandent de la ressource, de l’attention des proches…
3.4. Mon regard personnel sur la partie 1
Le réglage des montres suisses demande beaucoup de minutie. Il s’agit d’apprendre à l’enfant (a)typique de se développer en prenant soin des caractéristiques qui font de lui ce qu’il est, unique en son genre, mais bien lui. Le moindre grain de sable, notamment le regard des autres, peut en effet enrayer cette belle mécanique de ces cerveaux trop ++ et là la souffrance de l’enfant peut être terrible…
4. Deuxième partie : le regard d’un chercheur en psychologie expérimentale

Les surdoués ordinaires.
Ouvrage de Nicolas Gauvrit. Copyright ©
4.1. Interrogation sur la définition et sur la mesure de l’intelligence
Utiliser le QI total, est-ce vraiment un outil de mesure réaliste pour définir la personnalité d’une personne ?
Une métaphore simple pour comprendre cette problématique serait de mesurer la performance sportive d’une personne et de prendre la note moyenne de toutes les épreuves passées… Est-ce une mesure réaliste ? Que peut-on en tirer ? On doit donc bien faire attention aux conclusions que l’on peut tirer d’une telle mesure…
4.2. Enquête sur les surdoués
Les ouvrages grand public sur la vie des surdoués sont en général plutôt pessimistes : être un enfant surdoué tiendrait plus du cauchemar que du rêve… Qu’en est-il vraiment ?
Nicolas Gauvrit a donc décidé il y a quelques années de mener une enquête sur les stéréotypes concernant les surdoués. Cette démarche a abouti à la rédaction d’un ouvrage : “Les surdoués ordinaires“.
4.3. La problématique des stéréotypes
Pourquoi les stéréotypes sont-ils gênants (surtout s’ils sont faux) ? Ils donnent une représentation erronée de la réalité. Ils en résultent une mauvaise interprétation, un traitement, un comportement inadéquats, d’où l’importance de bien les étudier pour connaître la vérité.
Pouvoir obtenir une opinion éclairée à la méta-analyse. Il s’agit de bien faire attention aux sources de l’information. D’où et de qui elle vient…
Il s’agit de pouvoir distinguer la nature des sources : les revues scientifiques et les revues de diffusion scientifique dont les publications sont analysées au préalable par un groupe d’experts du domaine de la publication.
Pour le cas des enfants précoces, la source d’informations la plus fiable sont les professionnels (santé, enseignement). Mais attention à prendre en compte un biais : l’échantillon des enfants précoces pris en charge par les professionnels de la santé sont généralement uniquement ceux qui sont en souffrance, qui ont consulté car ils avaient besoin d’un accompagnement, d’un soutien thérapeutiques. Les autres enfants précoces ne sont donc pas présents dans l’échantillon.
4.4. Pour commencer, des premières difficultés
Problème de définition
On se heurte à trouver une définition qui fait consensus. Par exemple, dans la littérature, les professionnels (santé, enseignement, recherche) ne sont pas d’accord sur le seuil de QI à retenir pour considérer la personne comme “intelligente” : 130, 140, 150 ? Les qualificatifs désignant les surdoués sont aussi nombreux ; parmi eux, on peut citer : surdoués, Haut Potentiel (HP), zèbres, atypiques, enfants intellectuellement précoces (EIP).
Problème d’échantillonnage
Pouvoir obtenir un échantillon d’enfants surdoués à large spectre (en souffrance, bien-portants mais en décalage, atypiques, comportements divers…) n’est pas facile en pratique. Se faire une représentation d’un groupe alors que l’on arrive pas en pratique à réaliser un échantillon basique pose le problème de la fiabilité, de la confiance à accorder aux résultats des études, des analyses sur le terrain.
Idées répandues
Définitions : idées répandues / idées reçues :
- Les idées répandues sont les informations, les données, les rumeurs dont on ne sait pas si elles sont vraies ou fausses,
- Les idées reçues sont des idées fausses, erronées.
4.5. Idées répandues sur les HP
- Créativité : délicat à mesurer. Comment mesurer la créativité d’une personne ? Et comment mesurer la différence de créativité entre deux personnes (qualité, quantité, temps…) ? Le résultat : positif pour les HP.
- Malheur : la science ne valide pas que les HP seraient plus anxieux que les autres personnes.
- Échec scolaire : le conférencier a mentionné une confusion : échec / sous-réalisation (en anglais under archiever). En fait, la personnalité de l’enfant pourrait l’empêcher de réaliser les objectifs possibles pour lui mais irréalisés du fait de sa différence.
- Humour : pour mesurer, on a d’abord utiliser la durée durant laquelle les proches riaient, puis ensuite étudier le nombre de blagues que l’auteur racontait (considérées comme telles par les personnes qui riaient). D’après les études, les HP auraient bien plus d’humour. Est-ce si surprenant si on prend en compte comment une blague se construit (mécanisme) et pourquoi elle fait rire ? Cela requiert un certain type d’intelligence, de capacités cognitives…
- Pensée en arborescence : le conférencier préfère utiliser les expressions pensée divergente / pensée convergente. Il s’agit en fait d’une caractéristique du raisonnement. D’après lui, pas de pensée linéaire ou de pensée en arborescence. Nous avons tous ces deux types de pensée (convergente / divergente) ; la différence se fait sur un défaut d’inhibition. Pour un HP, sa pensée va vagabonder d’une idée à l’autre car pas d’arrêt, facilitant ainsi la créativité. On a pu mesurer la pensée divergente. Les HP vont juste plus loin, plus vite mais avec le même mode de fonctionnement de pensée (du fait de leurs structures cérébrales).
Pour information, le conférencier a mentionné un modèle décrivant la personnalité d’un être humain : le modèle OCEAN.
Ouverture à l’expérience, Conscienciosité, Extraversion, Agréabilité, Névrosisme.
4.6. Conclusion sur la partie 2
La précocité est une chance ; il ne faut pas la prendre comme un handicap.
Le conférencier a attiré l’attention, qu’en général, les idées répandues “positives” sont validées par la science et les idées répandues “négatives” ne sont pas validées par la science (idées reçues).
Le conférencier a mentionné le rôle de l’éducation à l’école. On pourrait décrire la position actuelle du rôle de l’éducation à l’école. “Tous les élèves doivent réussir à lire, écrire, compter : l’école doit donc garantir un seuil minimal de connaissances pour tous“. D’après lui : “l’éducation à l’école devrait pouvoir faire atteindre à l’élève son potentiel“. Des applaudissements ont accueilli les propos du conférencier.
A la fin de la conférence s’est tenue une séance de questions / réponses des participants et des conférenciers.
4.7. Mon regard personnel sur la partie 2
Mon intérêt personnel
Une des raisons de ma présence à cette conférence est l’étude des différences et sa prise en charge dans notre société. J’ai assisté à plusieurs sorties culturelles traitant de ce thème : le concept de genre, l’homosexualité, le racisme, la maladie…
Définition
Pour désigner ce groupe social de personnes, je préfère utiliser le terme d’atypique. HP, EIP, HP mettent en avant l’aspect “intellectuel”, or j’intègre dans l’intelligence la sociabilité, la culture de la relation interpersonnelle, ce que (trop) souvent les caractéristiques physiologiques de la personne atypique ne permettent juste pas, d’où le besoin d’une aide, d’un accompagnement.
Un petit mot sur le conférencier
Avant cette conférence, je connaissais Nicolas Gauvrit de nom ; j’ai en effet visionné une autre de ses conférences sur le web : les différences femmes-hommes (analyse du concept de genre, étude des stéréotypes sur ce thème). Pour réaliser ses enquêtes, il adopte une démarche zététique, une méthode scientifique rigoureuse.
Dans la page Wikipédia dédiée à Nicolas Gauvrit, le conférencier est relié au portail des mathématiques et au portail du scepticisme rationnel.
Ceci écrit, après avoir visionné la conférence, j’ai estimé certains arguments erronés (de mes yeux de zététicienne amateur). Prendre en compte les biais cognitifs lors d’études scientifiques est un travail bien délicat…
Les différences dans notre société
Depuis quelques années, j’assiste à plusieurs sorties culturelles de nature diverse (conférences, cafés philo, cafés psycho, colloques, tables rondes…) avec des personnes venant de tout horizon. Je suis triste d’un tel constat ; mon ressenti peut s’exprimer par les mots suivants :
“Nous vivons ensemble en étant séparé par des murs invisibles”.
“On nie les différences, ou lorsque l’on les met en avant, c’est pour mieux justifier la séparation ou une domination.”
“Il y a toujours une (mauvaise) raison pour justifier la mise à l’écart, la dissociation, la subordination,…”
Selon moi, on fait de l’essentialisme gratuit en évoquant la Nature (la pauvre, si elle savait…).
La prise en charge est tellement spécifique que le non-spécifique est mis à l’écart. On ne parvient pas à intégrer la différence dans un même groupe social. Il se crée “automatiquement” deux groupes : celui du groupe non-spécifique et celui qui est spécifique ou plutôt considéré comme tel dans notre société : genre (femme/homme/autre), couleur de peau (noir, blanc, métis, jaune, rouge, autre…), sexualité (hétérosexualité, homosexualité, bisexualité, asexualité, pansexualité, autre…), classe sociale (ouvrier, cadre, dirigeant, …), ethnie (les minorités dans les territoires), santé (les “bien-portants” et les autres : SIDA, cancers, autres maladies lourdes), handicap (les aveugles, les sourds-muets, les mutilés, les infirmes, etc.) , et donc aussi les EIP ou plutôt les personnes atypiques, c’est-à-dire avec un développement juste différent…
Il faut obligatoirement être classé ; c’est tellement rassurant, …surtout plus pratique pour discriminer… Ce classement se fait par assimilation des stéréotypes qui malheureusement crée le phénomène difficilement perceptible des prophéties autoréalisatrices, qui ne permettent pas l’épanouissement de la personne au sein d’un groupe social.
La particularité observable d’un être humain dans notre société justifie le classement qui est donc construit, créé de toutes pièces,… par notre regard… et peut donc se déconstruire. Il y a du travail… Celui-ci est en fait bien trop autocentré !
Souffrance de l’enfant ou de la personne
Ces deux conférences ont apporté des informations précises sur l’état des recherches sur les enfants dits précoces et les personnes atypiques. On a pu constater qu’il existait beaucoup d’idées reçues (donc de mauvaises idées) dans ce domaine. Le contenu des conférences dresse un “état des lieux” positif. Être atypique est sans doute une chance… mais que faire si l’enfant ou l’adulte est en souffrance ? Que faire en cas de rejet, d’isolement ? Que faire si on est un EIP ou un atypique-qui-n’y-arrive-pas ? Être diagnostiqué atypique ou HP, c’est une étape importante mais l’essentiel est comment l’enfant, la personne le vit ou va le vivre dans notre société si intolérante… Il s’agira d’évoquer à l’avenir des chemins, des clés, pour aider, accompagner ces parents… dans d’autres conférences ?
J’ai quitté la salle Barcelone avant la fin des questions, un peu triste.
Lien du site web officiel de l’AFEP : http://www.afep-asso.fr/
Sonia Kanclerski