A quoi servent les femmes ?
A quoi servent les femmes ?

A quoi servent les femmes ?

Print Friendly, PDF & Email

Je fais le constat que nous sommes très, très, mais alors, très, très loin de vivre dans une société égalitaire en France. Pour les sentiments, je suis amère et déçue par le comportement des hommes. Il est intéressant de poser la caméra sur leurs attitudes et aussi leurs responsabilités sur la persistance des inégalités et des injustices contre les femmes. Ce ne sont pas des extra-terrestres débarqués du fin fond de la galaxie qui en sont la cause ! Voici le sommaire de cet article dans lequel je partage des éléments de compréhension sur mon constat et mes sentiments personnels.

1. A quoi servent les femmes ?

Ce titre du premier paragraphe de l’article constitue aussi l’intitulé de cette vidéo de l’INA, l’Institut National de l’Audiovisuel, à voir absolument pour l’histoire et ne pas oublier.

1964 : À quoi servent les femmes ? | Archive INA

2024. Les hommes continuent à penser ainsi en masse… A quoi servent les femmes ? Comme des objets du quotidien. Ce qui fait monter l’amertume est le fait que finalement peu d’hommes dénoncent avec virulence ces comportements machistes, sexistes et dangereux pour la vie des femmes. Une femme meurt tous les deux, trois jours en France tuée par un homme, souvent son ex-compagnon. Au contraire, ils considèrent que c’est le « jeu de la vie ». Nous vivons comme ça en France.

Et, donc, il n’y a pas et il n’y aura pas d’avancées significatives tant que le discours ambiant ressemblera à celui-là ou qu’il faudra une loupe pour mesurer l’écart.

« Mais si, Sonia, t’exagères, et la liberté garantie de l’IVG dans la constitution française, votée le dernier lundi (04 mars), par exemple ? »

« Dites-moi, c’est bien notre président qui a affirmé la fierté de la France pour l’acteur Depardieu, celui qui a agressé notoirement des femmes en toute impunité sans qu’aucune personne, surtout les hommes, n’y  trouve à redire. Me voilà tout à fait rassurée (!) et surtout blessée en tant que femme. Le silence de la gent masculine est-il rassurant ? »

2. 1924, une année en or pour les femmes en France

1924-2024. Pour cette année olympique en France, je célèbre surtout un autre événement ô combien important… pour la société ou juste pour les femmes ? L’événement du… siècle. « Joyeux anniversaire ! Sto lat! » : les femmes sont autorisées par les hommes à passer le même baccalauréat que les hommes ! Victoire olympique, enfin presque… car il faut encore l’autorisation du mari pour s’inscrire à l’université jusqu’en… 1938. Les conséquences se font encore sentir insidieusement aujourd’hui dans les choix de carrière, dans la confiance générale que l’on accorde aux femmes sur leurs compétences, sur leur position dans les postes à forts enjeux dans les entreprises.

Il a fallu plus d’un siècle pour que les filles aient accès au même baccalauréat que les garçons.

Le site web etudiant.fr
https://www.letudiant.fr/bac/le-long-combat-des-femmes-pour-acceder-au-bac.html

3. La France, une société inégalitaire

Sociologiquement, de toute manière, nous sommes loin en France des fondements d’une société égalitaire. Pour y parvenir, il faut questionner en profondeur les piliers, les fondations qui font qu’une société, une ethnie, une civilisation (sur)vit sur la durée et agir en conséquences. Cela implique donc de changer les mentalités, les us et coutumes en profondeur.

3.1. Le tripode social et le quatrième pilier

« Avec le concept de valence différentielle des sexes, Françoise Héritier, dont les recherches se situent dans le prolongement du structuralisme de Claude Lévi-Strauss, vient compléter les travaux de ce dernier. Lévi-Strauss proposait en effet trois invariants au fonctionnement des sociétés humaines (le « tripode social ») : la prohibition de l’inceste, la répartition sexuelle des tâches et une forme légale ou reconnue d’union stable. Pour Héritier, la valence différentielle des sexes est un quatrième pilier qui vient unir tous les autres. Inscrite au cœur des systèmes de parenté, elle a des conséquences profondes dans l’ensemble des sociétés humaines, à la fois matérielles, cognitives, sociales et culturelles. »

Mélanie Pénicaud, docteure en anthropologie (Université de Poitiers).
https://www.dygest.co/francoise-heritier/masculinfeminin-(i)

3.2. État des lieux des piliers en France

En un mot : catastrophique. La société française est donc malade.

3.2.1. La prohibition de l’inceste

2 à 3 enfants par classe en France sont concerné·es par ce crime contre l’humanité, qui est le fait des hommes dans l’écrasante majorité des cas. Un crime qui tue en masse et qui est tu, ce qui fait que le crime est double. Les violences sexuelles constituent objectivement le plus gros fléau social en France (et dans le monde). Inceste, viol, prostitution, pornographie. La même racine du mal : la domination masculine avec la volonté de nuire aux femmes.

3.2.2. La répartition sexuelle des tâches

Qui fait quoi à quels coûts ? Le consentement à faire n’est pas suffisant. Questionner la manière de travailler et d’exploiter, puis de distribuer les ressources, les gains et les héritages. Et donc elle est absolument inégalitaire en France, en défaveur des femmes (en masse), à tel point qu’il est délicat pour beaucoup de femmes aujourd’hui encore de dire qui elle est, ce qu’elle est capable de faire en dehors de la sphère domestique. Je tiens à rappeler que si le mot domestique peut faire penser à la maison (domus en latin), on peut aussi penser à l’esclavage : les animaux que l’on domestique, les domestiques d’une maison (esclaves à la solde des maîtres), entre autres.

Voici un exercice de seconde générale en sciences économiques et sociales en France :

Aucune tâche domestique n’est répartie équitablement et les résultats sont nettement en défaveur des femmes, qu’elles travaillent ou pas. La conclusion du professeur à la fin de l’exercice est basique : « Les femmes ne doivent pas se mettre en couple sous le même toit que les hommes sinon elles seront exploitées ». Au passage, merci au lave-linge et au lave-vaisselle (des machines).

3.2.3. Une forme légale ou reconnue d’union stable

En France, le mariage hétérosexuel puis pour tous depuis 2013 et le pacs. Pour la stabilité de l’union, on peut tousser : 25 % des familles sont monoparentales et beaucoup d’hommes démissionnent de leur rôle de père. Géniteur oui, père (joker) ? Il faut noter aussi le vacarme du mouvement réactionnaire en France quand on a fait évoluer la nature de cette union légale en l’étendant aux couples de même sexe.

3.2.4. La valence différentielle des sexes

Pour le quatrième pilier, la valence différentielle des sexes, qui doit s’unir aux trois autres pour « faire l’égalité », alors là, c’est juste signifiant. En France et dans le monde, on consacre toujours la supériorité des hommes sur les femmes d’une manière ou d’une autre. On peut la mesurer objectivement et c’est un désastre. Un exemple de marqueur social : la visibilité des personnes, et en l’occurrence l’invisibilité des femmes. Dans toutes les sphères de la vie, surtout là où c’est important et prestigieux.

4. La lutte continue

Le constat est donc sans appel. Si sur le papier, les droits des femmes ont fini par être obtenus de haute lutte en France (ni donné gentiment par les hommes puisqu’ils sont à l’origine de ces lois injustes, ni trouvé sous un caillou par hasard et surtout jamais acquis), la réalité est toute autre. Cet article de mon blog continuera malheureusement à être valable pendant encore très longtemps tant que les problèmes de fond ne seront pas pris à bras le corps, avec une énergie et des moyens proportionnels aux enjeux. Ce que les hommes de pouvoir s’empressent de ne pas faire.

Et, donc, actuellement, pour les femmes, il s’agit vitalement de s’arranger d’être indépendante économiquement, de s’opposer à la violence des hommes quelle que soit sa nature ou son expression et de ne pas abandonner l’espoir d’un monde humain égalitaire et juste car il n’y en a jamais eu et qu’il est à construire.

« Et je dis aux Femmes trois choses, votre indépendance économique est la clé de votre libération, ne laissez rien passer dans les gestes, le langage, les situations qui attentent à votre dignité, ne vous résignez jamais. »

Gisèle Halimi, Ne vous résignez jamais. Comment devient-on féministe ? L’abeille PLON, 2009.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *